Tricherie "Singapour-gate" 2008 : Renault plaide coupable

La stratégie Renault
Plaider coupable pour éviter le pire

C'est par un communiqué de presse court et laconique que le ING-Renault F1 Team a annoncé que Flavio Briatore et Pat Symonds ont quitté l'écurie.



Les deux hommes avaient été désignés par Nelson Piquet Jr comme les instigateurs de la tricherie au GP de Singapour 2008. Une tricherie qui aurait ni plus ni moins consisté à demander au jeune pilote brésilien de provoquer un accident afin de faire sortir la voiture de sécurité au moment opportun pour offrir la victoire à son coéquipier, Fernando Alonso.

Le communiqué de presse, qui se résume à trois phrases, précise également que l'écurie ne contestera pas les allégations de tricherie portées à son égard. Une attitude qui ressemble à un "plaider-coupable", dont on ne peut s'empêcher de penser qu'elle a pour objectif d'obtenir la clémence du jury.

L’écurie sera en effet entendu le 21 septembre prochain sur cette affaire. Elle avait obtenu un délai supplémentaire pour présenter les éléments de sa défense. Ce délai s’achevait hier, mercredi 16 septembre. En rendant public le départ de Briatore et Symonds, Renault adopte une attitude de contrition tant à destination du public que de la FIA. En effet, si la FIA détient l’avenir de l’écurie entre ses mains, Renault est aussi une grande enseigne commerciale qui ne doit pas négliger l’aspect « communication » dans cette affaire.

Cela suffira-t-il à sauver l’écurie ?

Difficile à dire. Se pose même la question de savoir si les dirigeants de Renault ont réellement intérêt à ce que l’écurie soit sauvée. En effet, on le sait, la fameuse « crise » a affecté le marché de l’automobile, et de la F1 par ricochet : Honda et BMW en furent les premières victimes (consentantes, certes). Pour Renault, rien d’officiel concernant un retrait n’était paru, toutefois, on sait parfaitement que Carlos Ghosn menace chaque année de se retirer de la F1, car cela coute cher et ne rapporte pas grand-chose. D'autant que depuis maintenant 3 ans les résultats ne sont pas au rendez-vous. Une situation qui n’est pas sans rappeler Honda et BMW dont les problèmes financiers ont certainement été déterminants, mais pas tant que les médiocres résultats sportifs.

Si la FIA décidait de ne pas exclure Renault du championnat, une sanction financière semble en revanche plus que probable. Or, une amende importante serait sûrement une sanction qui aboutirait au retrait de l'écurie vu les difficultés financières rencontrées.

Par ailleurs, lors du Conseil mondial de la FIA du lundi prochain, d'autres responsabilités pourraient être mises à jour. En effet, est-ce que seuls Briatore, Symonds et Piquet Jr étaient parties prenante dans la désormais plus que supposée tricherie ? Ou d'autres personnes étaient-elles au courant, voire plus impliquées, dans l'affaire ? Au centre des interrogations se trouve bien sûr l'implication ou non - et le cas échéant, à quel degré - de Fernando Alonso. Nelson Piquet Sr a en effet affirmé qu'il était impossible que le pilote, du fait de sa stratégie étonnante, ne soit pas au courant. Même si les arguments de l'ex-pilote peuvent être fallacieux, un doute important se pose, et le passé de Fernando Alonso ne joue pas en sa faveur, ajoutant à l'obscurité de l'affaire. Il semble ainsi impensable que ce lundi la question ne soit pas abordée..

L’avenir de Renault parait donc loin d’être assuré et serein.

Flavio Briatore, personnage sulfureux et dont les méthodes ont souvent été pointées du doigt, était malgré tout une pièce forte de l’écurie. Il en était en quelque sorte le « big-boss ». Et une entreprise, quelle qu’elle soit a besoin d’un chef à se tête. Or, dans le communiqué de presse, nulle mention n’est faite d’un quelconque remplaçant. Bien évidemment, la rumeur précède l’annonce, et déjà les noms de Alain Prost et Frédéric Vasseur sont cités.
La piste Alain Prost nous semble peu crédible vu le passif entre la marque et l’ancien pilote et ancien patron d’écurie. L’hypothèse Vasseur, qui est le co-propriétaire de l’écurie ART en GP2, n’est pas sans intérêt, mais elle reste à être confirmée.
Une confirmation qui s’avère urgente, car parachuter un « étranger » dans une maison n’est pas chose aisée. Le risque de désorganisation est plus que présent. Cela peut prendre des semaines, voire des mois, avant que l’écurie ne retrouve la stabilité nécessaire. La saison 2009 semble d’ors et déjà compromise. Et l’avenir tant sportif que financier n’est pas des plus clairs, d’autant que Viry-Chatillon risque de perdre son client Red Bull et que nul ne sait si Romain Grosjean et Fernando Alonso resteront dans l’équipe.

En effet, on savait déjà que la rumeur voyait Alonso en rouge prochainement. Les interrogations sur l’avenir des deux pilotes sont toutefois différentes aujourd’hui, car leur manager n’est autre que Briatore. L’Italien détient d’ailleurs sous contrat un cinquième du plateau actuel : Fernando Alonso, Heikki Kovalainen, Mark Webber et Romain Grosjean. Va-t-il accepter de laisser deux de ses pilotes dans l’écurie qui l’a remercié ? Rien n’est moins sûr. A moins que le prochain conseil de la FIA ne sanctionne Briatore en l'interdisant de circuit à vie, ce qui mettrait à mal son activité de manager...

Le petit communiqué de presse de Renault, aussi bref et laconique soit-il, n’est finalement pas sans poser des nombreuses et importantes questions, dont il n’est pas certain que nous ayons un jour les réponses.