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 - Fémin-F1 -

Pilotes italiens chez Ferrari

13 Septembre 2009 , Rédigé par Thibaut Publié dans #Culture F1 & histoire

Culture-F1

Fratelli d'Italia


Un pilote italien chez Ferrari, quoi de plus logique ? Mais avant Badoer et Fisichella, il fallait remonter à Nicola Larini (remplaçant de Alesi, blessé, pendant deux courses en 1994) pour trouver la trace d'un Transalpin dans une voiture rouge.



Très patriote, Enzo Ferrari a longtemps donné la priorité aux pilotes italiens. Son pilote fétiche est d'ailleurs longtemps resté Tazio Nuvolari, qui pilotait pour la Scuderia Ferrari dans les années 1930, à une époque où elle était le bras armé officiel d'Alfa Romeo en compétition. Au sortir de la guerre, les pilotes italiens de talent sont légion et continuent de se succéder dans les écuries italiennes et bien entendu chez Ferrari. Le plus brillant d'entre tous ? Sans nul doute Alberto Ascari, qui survole les saisons 1952 et 1953 avant de rejoindre Lancia pour une histoire de gros sous. Ascari reste à ce jour l'unique pilote italien à avoir remporté la couronne mondiale au volant d'une Ferrari. Dans les années qui suivront, Enzo Ferrari n'aura de cesse de lui chercher un successeur, mais sans réussite. Les jeunes Eugenio Castelloti et Luigi Musso, beaux et talentueux, incarnent à merveille la relève italienne, mais tous deux se tueront au volant d'une voiture rouge en 1957 et 1958.
Alberto Ascari
 
Giancarlo Baghetti, victorieux du GP de France 1961 sur une Ferrari semi-officielle, puis Ludovico Scarfiotti, vainqueur du GP d'Italie 1966, ne s'affirmeront jamais comme des champions en puissance, au contraire de l'ombrageux Lorenzo Bandini, vers lequel tous les regards de l'Italie convergent à partir de 1962. Près de 10 ans après les titres d'Ascari, et tandis que les talents "made in Italy" se raréfient, la pression populaire et médiatique se fait de plus en forte de l'autre côté des Alpes. Quitte à nuire à la sérénité de l'écurie. En 1966, exaspéré par les pratiques d'Eugenio Dragoni, directeur sportif de la Scuderia qui rêve de mener Bandini jusqu'au titre mondial, John Surtees préfère claquer la porte. Bandini ne profitera pas longtemps de son statut (trop grand pour lui ?) de leader de la Scuderia puisqu'il décède des suites de son accident lors du GP de Monaco 1967. Conscient de l'immense attente qu'il suscitait au pays, Lorenzo a tout tenté pour revenir sur le leader de la course Denny Hulme, ignorant les signes de fatigue et la baisse de ses réflexes. Une trajectoire approximative à la chicane du port à quelques tours de l'arrivée l'expédie contre les bottes de paille où sa voiture s'embrase instantanément. Il mourra trois jours plus tard de ses blessures.
Lorenzo Bandini
 
La mort de Bandini marque un tournant dans la politique sportive de la Scuderia. Très choqué, mais également conscient du fort impact qu'a eu ce drame sur l'opinion publique italienne et ses conséquences pour l'image de la marque, Enzo Ferrari décide de fermer les portes de la Scuderia aux pilotes italiens. Si l'on excepte les quelques courses disputées par Ignazio Giunti et Nani Galli et Arturo Merzario au début des années 1970, il faudra attendre les années 1980 pour retrouver un Italien chez Ferrari.
Ce n'est pourtant pas faute pour la presse italienne de faire campagne en faveur de ses représentants. Excédé de voir sa présence chez Ferrari régulièrement remise en cause, "l'étranger" Niki Lauda ira jusqu'à dire en 1975 : " Les pilotes italiens ? Tout juste bons à faire crisser les pneus de leur Fiat 500 autour de l'église de leur village."

Une phrase vacharde mais pas totalement sans fondement. Car si Ferrari boycotte si facilement les pilotes italiens, c'est aussi parce que les talents locaux se font rares durant les années 1970. Pragmatique, Enzo Ferrari n'hésite d'ailleurs pas à changer son fusil d'épaule quand il constate l'émergence du prometteur Michele Alboreto, qu'il recrute en 1984. L'année suivante, Alboreto tient toute l'Italie en haleine lorsqu'il s'empare de la tête du championnat à mi-saison après être sorti vainqueur d'un duel au sommet avec Alain Prost sur le Nurburgring. A ce jour, il s'agit de la dernière victoire d'un pilote italien sur une Ferrari. Une fin de saison catastrophique oblige "Albo" à se contenter de la deuxième place du championnat. Jamais il ne se remettra de cet échec et de l'extrême déception provoquée dans son pays.
Michele Alboreto
 
En 1992, Ferrari recrute Ivan Capelli. Le Milanais passe alors pour être l'un des plus grands espoirs du sport automobile mondial, mais il ne faudra que quelques courses pour détruite cette image. Totalement hors du rythme, Capelli réalise une saison catastrophique. Pilote surcoté ? Peut-être bien. Pilote incapable de résister à l'immense pression populaire consistant à être un Italien chez Ferrari ? Sans doute aussi.

Capelli est le dernier pilote italien a avoir été titularisé à temps complet chez Ferrari. En 1993, Jean Todt prend les commandes de la Scuderia et l'un de ses premiers objectifs est de limiter l'influence déstabilisatrice de la presse italienne. Conscient du "casino"* qu'est susceptible d'engendrer la présence d'un pilote italien du côté de Maranello, il ignore systématiquement les appels d'offre de Fisichella, dont le talent n'a rien à envier à Irvine et Barrichello, mais que les médias auraient sans doute vu avec moins de complaisance se glisser dans le costume du bon petit lieutenant aux ordres.

Après près de 10 ans d'attente, Giancarlo Fisichella a enfin l'occasion de réécrire l'histoire à partir de ce week-end.
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*"casino" est
le mot italien pour dire "bordel", "foutoir"
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