Senna, le prince de Monaco
La symphonie inachevée
Il y a bientôt 25 ans, le 3 juin 1984 à Monaco, Ayrton Senna se révélait au monde entier en signant dans des conditions dantesques sa première grande performance en Formule 1. Une star venait de naitre.
Sur le podium, Ayrton Senna répond du bout des lèvres aux félicitations des

Début 1984, Ayrton Senna, appelé encore parfois Ayrton Da Silva, puisqu'il a un temps couru sous le nom de son père, n'est connu que des spécialistes. L'année précédente, il a survolé le relevé championnat britannique de F3, et a réalisé des tests très prometteurs chez quelques unes des écuries les plus prestigieuses du plateau (Williams, McLaren, Brabham), mais au final, seule la modeste équipe Toleman a été en mesure de lui offrir un volant de titulaire.


C'est donc dans le plus grand anonymat que Senna arrive à Monaco, où public comme journalistes n'ont d'yeux que pour le duel qui opposent les pilotes McLaren Alain Prost et Niki Lauda. Sur un circuit qu'il ne connait pas, le Brésilien arrache en qualifications un honorable treizième temps, 8/10 devant son coéquipier Johnny Cecotto, mais à près de 2"5 du poleman Alain Prost. A priori, rien à espérer pour la course. A moins que la météo s'en mêle...
Le dimanche, il pleut des trombes d'eau sur Monaco, forçant les organisateurs à repousser le départ de près de 45 minutes. Dès les premiers mètres, le peloton perd deux unités, les deux pilotes Renault (Derek Warwick et Patrick Tambay) s'accrochant à Ste-Dévote et créant un mini-embouteillage dans lequel Elio de Angelis et Riccardo Patrese restent coincés. Senna en profite pour se hisser au 10e rang, puis rapidement au 9e suite à son dépassement sur Andrea de Cesaris, en difficulté peu après Mirabeau.

Plus de trente secondes devant, Prost est un leader inaccessible, mais Niki Lauda, qui n'est que quelques secondes devant la Toleman, est une proie à la portée de Senna. Au 19e tour, il déborde sans coup férir le double champion du monde autrichien en lui faisant l'extérieur dans la courte ligne droite des stands. Deuxième, et pour la première fois de la course avec une piste libre devant lui, Senna s'en donne à cœur joie. A la fois agressif et plein de maitrise, le débutant brésilien signe le record du tour au 23e passage, avant d'abaisser une nouvelle fois son chrono au tour suivant. Son 1'54"3 ne sera jamais battu, la pluie s'intensifiant.

Au 32e tour, constatant la détérioration des conditions, Jacky Ickx prend la décision d'arrêter la course. Le drapeau rouge (ainsi que curieusement le drapeau à damier) sont présentés sur la ligne. Prost, au ralenti, stoppe sa monture juste devant les drapeaux, et c'est donc Senna qui coupe la ligne en première position. Persuadé d'avoir gagné, le Brésilien effectue un véritable tour d'honneur en levant les bras en signe de victoire, mais sa joie est de courte durée, le classement du Grand Prix étant calculé sur les positions au 31e passage, lorsque Prost était en tête.

Sur le podium, Senna est incapable de savourer son résultat et rumine sa colère, persuadé d'avoir été injustement privé d'une victoire qui lui revenait de droit. Mais est-ce si important ? En l'espace de moins d'une heure, Senna s'est révélé au monde entier et a pris rendez-vous pour l'avenir. Ses six victoires à venir sur le Rocher l'attestent, le Prince de Monaco, ce sera lui.
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