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 - Fémin-F1 -

Giancarlo Fisichella, entre rêve et réalité

3 Juin 2010 , Rédigé par Nico Publié dans #Hors piste

Hors-piste
Fisico gets the fizzy*
(Fisico en pleine effervescence)


Cela a pu constituer une bonne accroche aux articles de presse parus le 3 septembre 2009, date de l’annonce officielle confirmant Giancarlo Fisichella comme remplaçant de Luca Badoer dans le baquet de la Ferrari F60 n°4 pour la fin de saison 2009. Fisico, comme le paddock l’a surnommé, italien né à Rome en 1973, concrétisait ainsi un rêve d’enfant en devenant pilote pour la Scuderia, emblème de toute une passion automobile à travers le monde, et principalement en Italie.

Fizzy… Tel est aussi le nom de son yacht, amarré habituellement au virage du Bureau de Tabac lors du GP de Monaco, passant presque inaperçu auprès des spectateurs, encadré de bateaux tout aussi imposants, si ce n’est plus. Un yacht qui résume à mes yeux, finalement, tout ce que Fisico laissera à la F1 : l’image d’un pilote talentueux aux yeux avisés des connaisseurs, mais qui restera probablement un nom parmi tant d’autres dans l’histoire. Retour sur un pilote qui aura alterné entre ombre et lumière.


Une étoile qui monte


Après une formation de karting jusqu’à ses 19 ans, suivie de 3 années en Formule 3, dont il sortira titré en 1994, il participe en 1995 au championnat allemand DTM sur une Alfa Romeo, avant d’accéder à la F1.

 

Ses débuts remontent donc à 1996, sur Minardi, écurie d’anthologie qui aura autant marqué les esprits par ses piètres performances en piste que par sa capacité à faire éclore de grands champions. Cette première saison, ou partie de saison, lui permettra, à travers 8 GP, de faire connaissance avec le monde de la F1 et de se familiariser avec les puissantes monoplaces engagées au pinacle du sport automobile. Rapidement approché par l’écurie Jordan,fisico-1 il entamera sa première saison complète en 1997, aux côtés du rookie Ralf Schumacher, sur lequel il prendra rapidement l’ascendant. Plusieurs coups d’éclat, telle sa course à Hockenheim, où une crevaison à l’arrière gauche à quelques tours de l’arrivée le prive de sa probable première victoire au profit de Gerhard Berger, ou sa 2ème place à Spa Francorchamps, attirent l’attention. Lire la suite ...



En 1998, il rejoint l’écurie Benetton, dirigée par le très charismatique Flavio Briatore, où il confirme ses bonnes performances et son potentiel. Avec sa première pole position signée à Zeltweg, en Autriche, l’histoire semble en marche. Häkkinen, Coulthard, Schumacher, Villeneuve, seront-ils bientôt rejoints dans la course au titre par ce nouvel adversaire ?

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Premiers nuages


Non, l’avenir est différent. Jusqu’en 2001, Giancarlo défendra le bleu-vert de Benetton, ne laissant aucun doute sur son statut de pilote n°1 au sein de l’écurie. Ses résultats parlent pour lui. Mais l’aventure le redirige bientôt chez Jordan Grand Prix, suite à un désaccord avec Renault et Flavio Briatore sur les modalités de renouvellement de son contrat. Coup du sort ? Retour à la case départ ? Pas sûr… Car c’est en 2003 qu’il décrochera enfin, à Interlagos, sa première victoire, laquelle semblait s’être dérobée à lui à plusieurs reprises déjà.
fisico-3Une victoire qui n’en a pourtant ni le goût ni la saveur, au vu des circonstances particulières de son attribution. Suite à la violente sortie de piste d’Alonso (sur sa Renault…), les débris laissés sur l’asphalte obligent la direction de course à agiter le drapeau rouge. En l’état, c’est Kimi Raikonnen qui est déclaré vainqueur. Mais finalement, après analyse des temps et du classement à l’entrée du dernier tour, le verdict est modifié, et Fisichella récupère le trophée des mains du Finlandais… quelques jours plus tard !

 


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Si Fisico pâtit du manque de compétitivité de sa monoplace, il sait donc toutefois se rappeler au bon souvenir du paddock au travers de tels coups d’éclat. Fin 2003, il est même élu « Pilote des Pilotes » par ses pairs, preuve qu’une bonne voiture ne fait pas tout, et que le talent de l’homme au volant peut être reconnu malgré une machine moins performante.


Le ciel va pourtant s’assombrir pour le pilote romain. Il passera la saison 2004 avec Felipe Massa, au volant d’une des C23 alignés par l’écurie de Peter Sauber. Là encore, ses courses restent solides, se soldant à 9 reprises par quelques points glanés aux écuries de pointe, dont une 4ème place au Nürburgring, meilleur résultat de l’écurie cette saison. Mais la carrière du Romain semble tout de même mal en point. Au point mort comme qui dirait…


L’heure de la chance a sonné


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Heureusement, le vent tourne lorsque Flavio Briatore lui propose de rejoindre le Renault F1 Team, en 2005, aux côtés du jeune mais prometteur Fernando Alonso. C’est la 9ème saison de F1 pour Giancarlo, et peut-être la plus décisive de son parcours sportif. Il peut enfin jouer la gagne, les poles position et les podiums… A Melbourne, en inauguration de championnat, il écrase la course en signant une victoire que personne ne peut lui disputer. Son bonheur semble sans pareil sur le podium. Sa première victoire selon lui, la plus belle.

 
 
Mais les fans déchantent vite. Est-ce l’âge ? La pression ? La « peur de gagner » ? Quoi qu’il en soit, force est de constater que les GP qui suivent semblent le voir dépérir. Le Fisico des années passées n’est parfois plus que l’ombre de lui-même, devenant rapidement un n°2 contribuant, certes, à décrocher le titre constructeurs, mais surtout un pilote qui paraît ne pas pouvoir jouer dans la même cour que Alonso, Schumacher, Räikkönen, voire Button. A Suzuka notamment, alors que la victoire lui tend les bras, « Iceman » revient sur lui à coups de secondes pleines, et Fisico assiste finalement, impuissant, à son dépassement, à l'entrée de First, par l'extérieur. Briatore ne mâchera pas ses mots à l'arrivée...

Même chose en 2006, où son unique victoire, en demi-teinte, en Malaisie, et quelques (très) belles courses comme à Monaco, n’effacent pas la terrible image d’Interlagos, en clôture de championnat : alors que Schumacher réalise une course sensationnelle, remontant une à une les monoplaces le séparant d’Alonso, il ne fait qu’une bouchée du pilote romain, qui se rate au freinage du « S do Senna » dès que celui-ci approche de ses échappements. Fragile… Voilà donc l’image qu’il donne dorénavant.


Tombée de rideau sur une dernière prouesse sportive


Est-ce le point final d'une carrière pourtant si prometteuse à ses débuts ? La chance est-elle passée ? Il semble que oui. 2007 est un chemin de croix. Seule une superbe 4ème place dans les rues de la Principauté
fisico-6, circuit qu’il affectionne tout particulièrement, viendra égayer sa saison.  Remercié par son écurie pour 2008, il se tourne  alors vers un nouveau challenge, du nom de Force India, alors que certains le voyaient plutôt raccrocher. La pente glissante d’une fin de carrière difficile et anonyme dans une équipe de fond de grille affole les fans. Si 2008 marque le lancement de cette nouvelle écurie, 2009 permet d’en récolter les premiers fruits.

Et Spa Francorchamps offrira à Fisico l’occasion de briller comme rarement il aura pu le faire ces dernières années. Une pole improbable sur ce magnifique tracé de plus de 7 km, et une seconde place le dimanche, décrochée à seulement 9 dixièmes du vainqueur, dont il sera resté dans les échappements toute la course durant, sauront rappeler à tous que Giancarlo Fisichella n’est pas un pilote ordinaire.

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Arrive alors le choix difficile, le dilemme : continuer à courir avec Force India, ou bien rejoindre les rangs de Ferrari pour la fin de saison, en remplacement de Badoer. Dans le second cas, ses chances de se retrouver sur la grille de départ en 2011 ne sont pas assurées. Mais Fisico gets the fizzy. A Monza, il courra en rouge. Un rêve qui se réalise. Près de 15 ans en F1 qui se terminent par ce cadeau, cette chance, cet honneur, cette fierté, de piloter pour et devant les tifosi.


Mais il est maintenant temps d’en finir. Certes, le retour de Sauber à la compétition en 2010 aurait pu constituer une belle opportunité, d’autant plus que cette nouvelle équipe sera motorisée par Ferrari. Mais ce ne sera finalement pas le cas. Cette année, Giancarlo participera aux Le Mans Series (LMS) au volant d’une Ferrari F430 GTC, aux côtés de Jean Alesi et Toni Vilander.  Une sorte de seconde vie automobile, comme tant d’autres l’ont expérimentée fisico-8avant lui. Mais en rouge s’il vous plaît, ce qui n’est pas un détail ! Parallèlement à ces à-côtés, son statut de 3ème pilote Ferrari lui permettra aussi de garder un pied en F1 : « Abu Dhabi fut ma dernière course, ou pas… si je ne trouve pas de place comme pilote pour la saison 2010, je resterai troisième pilote Ferrari, ce qui est déjà super. Etre troisième pilote pour d’autres pourrait être ennuyeux, mais chez Ferrari… » disait-il encore
en janvier dernier.
 
 Le Fizzy restera donc paisiblement dans le port, au milieu d’autres bateaux semblables, ignoré par le touriste de passage, pressé d’approcher les grands paquebots et autres splendides voiliers un peu plus loin. Mais je continuerai pour ma part à m’y arrêter, contemplant toute l’histoire qu’il recèle, me remémorant les grands moments, les frissons, les joies et parfois déceptions qu’il m’aura fait vivre. De grands espoirs qu’on aura tardé à libérer, et qui finalement, défraîchis, auront été coiffés le moment venu par d’autres plus impétueux. C’est la dure loi du sport, et de la F1 en particulier. Et c’est à travers Giancarlo que je l’aurais découvert.fisico-9
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